Bills Khakis: l’histoire du Chino continue.

par greensleevestoaground

S’il est un basique qui l’a toujours été et le sera certainement à tout jamais, c’est le pantalon chino. Superbement porté par Steeve McQueen, et tant d’autres, ce pantalon d’apparence simple a pourtant une véritable histoire. Comme souvent, elle est issue de l’armée et perpétuée par un passionné à travers la marque artisanale Bills Khakis.

En 1846, Sir Harry Lumsden, alors commandant des armées anglaises dans le Punjab, en Inde décide de troquer les  pantalons blancs (insupportables par cette chaleur) de ses soldats pour des bas de pyjama locaux. Afin de les fondre dans les couleurs « sable » environnantes, il les colore grâce à une plante, la Mazari. Cette couleur n’est autre que le khaki,le  mot Hindou pour « poussière ». Excellente trouvaille pour Lumsden, puisque le khaki s’avère être bien plus adapté en Inde que les tuniques rouges et blanches traditionnelles.

Après avoir été porté un peu partout par les troupes anglaises, notamment en Afrique du Sud, puis au Soudan,  il devient leur tenue officielle en 1884. Lors de la guerre Hispano-Américaine de 1898, de nombreuses autres armées l’adoptèrent officiellement, mais pas les Français, qui vouaient une culte à leur pantalon rouge…

Plus connu sous le nom de « Chino » chez nous, il est physiquement et visuellement le même pantalon. Ce nom vient tout simplement du fait que les « British Khakis » furent copiés pour l’armée américaine par… les Chinois. Dès lors, ils ne sont plus forcément en sergé, mais simplement en toile de coton industrielle.

Pantalon ou bermuda, la matière "Chino" habillait les hommes de nombreuses armées.

Ce sont les militaires américains qui ont démocratisé ce grand classique en continuant de le porter après la 2de Guerre Mondiale, et notamment à l’Université (avec un t-shirt blanc, un cardigan gris anthracite et des sneakers blanches de préférence). Depuis cette période, à peu près tout le monde en possède au moins un dans sa garde-robe. Le seul souci consiste à choisir la bonne matière, la bonne longueur, avec ou sans pli, avec ou sans pince.

Etudiants américains en 1953. Chacun son chino!

Le véritable « Khakis Pants » n’est jamais trop long. S’il l’est, on pourra toujours l’enrouler pour laisser apparaître la cheville, jamais plus. Evidemment, la couleur sable est indispensable et on évitera à tout prix une coupe slim. Pour les plis ou les pinces, ce sera à chacun de voir, mais comme le montre la photo ci-dessus à merveille, les puristes choisiront une coupe droite plate.

Mais où trouver un chino qui respecte cette belle histoire? Hormis Docker’s, Ralph Lauren et L.L. Bean qui proposent de très beaux modèles,  Bills Khakis reste la référence incontournable du chino original. Coupes, confort, confection, tout est précieusement et méticuleusement respecté.

Fondée en 1990, la maison Bills Khakis part d’un constat simple qu’aime rappeler son fondateur Bill Thomas (ancien publicitaire de Chicago) :  “We could put a man on the moon, but couldn’t make khakis like we did 50 years ago.” Ce pantalon légendaire qu’il portait à la fac après avoir écumé les surplus de stock de la 2de Guerre Mondiale, c’est lui qui allait le fabriquer désormais, dans un ancien entrepôt de Reading, Pennsylvanie.

La ligne vintage de Bills Khakis

Aujourd’hui, Bills Khakis compte une vingtaine de personnes et est distribuée (hors site internet) dans plus de 500 magasins aux Etats-Unis. Des modèles par dizaines, des shorts, des chemises, tout est fabriqué aux US! Bill Thomas s’inspire des pièces originales qu’il a retrouvées en chinant: confortables, avec des poches profondes et qui passent avec à peu près tout. Chacun des modèles de Bills Khakis s’inscrit dans une tradition du Chino qui dure depuis plus de 150 ans. Une vraie réussite, mais surtout une qualité et une authenticité indiscutables, pour une pièce intemporelle.