Collection automne/hiver 1912-2012.

C’était il y a 100 ans, et je ne dis pas cela pour vous démontrer mon niveau d’études supérieures en mathématiques appliquées. Le siècle dernier, en décembre 1912, quelques cyclistes de renom sont pris en photo lors d’un évènement sur lequel je n’ai trouvé aucune information – je sais juste que c’est en décembre 1912, aux États-Unis et qu’en septembre de cette même année ont eu lieu les Championnats du Monde de cyclisme sur piste à Newark. Mais peu importe, j’ai décidé de me servir de ces portraits pour passer en revue la mode de l’époque et donner à mes lecteurs – donc vous (perspicaces les mecs) – une base d’inspiration pour vos outfits et combinaisons hivernales. Loin des produits techniques et pas toujours réussis de notre époque, les superpositions vont bon train en 1912, et ce sera le cas jusque dans les années 1960. Des matières plus épaisses, des mailles plus resserrées (vous avez déjà senti le poids d’un pull pré 1960’s?), une qualité supérieure évidemment, cols roulés ou cravates au noeud bien serré, le tout sans perdre une goutte d’élégance. Il est d’ailleurs intéressant de voir qu’à ce sujet, l’alpiniste Graham Hoylland, ayant reconstitué l’ascension de Mallory sur l’Everest avec des répliques exactes des vêtements portés par celui-ci en 1924, nous livre ce témoignage: « la superposition de laine, soie et coton était plus légère que l’équipement moderne et extrêmement confortable à porter, tout en restant suffisamment chaude pour les températures rencontrées. Les bottes portées par Mallory en 1924 sont aujourd’hui encore les plus légères qui aient foulées le sol l’Everest » (je reviendrai un jour sur ce projet). Alors, exit l’outerwear technique fluo et retour aux matières « anciennes » superposées (cuir, flanelle, laine, soie) pour un hiver plus chaud? Toi tu t’en fous, mais moi je l’espère. En tout cas, le style, lui, ne pourrait que mieux se porter – tiens Anne Roumanoff, je te le file gratis ce jeu de mots.

André Perchicot (1888-1950) était un coureur cycliste originaire de Bayonne. À Newark, en 1912, il termine troisième sur piste. Hors du vélodrome, il se permet un manteau magnifique venant recouvrir son costume croisé. Le collar club avec son pin est parfait. Cette classe le prédestinera à une carrière de chanteur: original.

Les coureurs Carmen et Loftus (pas plus d’informations). La combinaison à gauche est très intéressante et me suit depuis pas mal d’hivers déjà. Je mettrais ma main à couper que sous ce col châle, Carmen porte encore un waistcoat.

Voilà à quoi ressemble un col châle lorsqu’on le porte boutonné jusqu’en haut, chose que l’on voit rarement aujourd’hui puisque souvent, le boutonnage s’arrête à la poitrine. Le pistard australien Alfred Grenda le porte très bien en 1912, année où il vient piquer une médaille d’argent aux américains en devenant vice-champion du monde sur l’épreuve de sprint.

Les cyclistes français Marcel Berthet (à gauche) et Maurice Brocco. Brocco aura une belle carrière nationale dans les années 1910. Berthet, dans son magnifique manteau, sera triple recordman du monde de l’heure entre 1907 et 1913. En 1933, il invente le Vélodyne, un vélo caréné de bois d’épicéa et de magnolia revêtu d’une toile avec lequel il établit de nouveaux records de l’heure jamais homologués. Il deviendra par la suite « l’élégant Marcel », lorsqu’il travaillera comme juge et arbitre au Vélodrome d’Hiver. À juste titre.

Le suisse Oscar Egg, grand concurrent de Berthet pour le record de l’heure, qu’il améliorera aussi trois fois au Vélodrome Buffalo, à Paris.

Je n’ai malheureusement pas trouvé plus d’infos sur ces deux frères Sutor Suter qui portent le même genre de col roulé à boutonnière, type pull marin.

L’allemand Walter Rütt en cardigan, en laine bouillie probablement. Près du corps, boutonné jusqu’au menton, on sent bien que la brise froide de l’hiver nord-américain n’a aucune chance. Rütt fut l’un des meilleurs cyclistes sur piste de son époque: champion d’Europe, multiple champion d’Allemagne, champion d’Australie et champion du Monde en 1913.

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