greensleeves to a ground

Mois : février, 2011

Gene Kelly: première icône du « Cool »?

A la fin des années 1940, l’Amérique -que dis-je?, le Monde!- découvre la comédie musicale made in USA, emmenée par la MGM et un certain Gene Kelly. Danseur, acteur, chanteur, le jeune trentenaire enchaîne les pas dans Un Américain à Paris (1951) et Singin’ in the Rain (1952). Avec sa tête de gentil garçon et son corps d’athlète, il devient une icône du cinéma des années 1950. Mais en voyant les images qui sont l’objet du post d’aujourd’hui, on se dit qu’il est peut-être aussi l’une des premières icônes du « cool ». Je sous-entends par-là le « cool » que l’on associera à McQueen et aux jazzmen de Blue Note une décennie plus tard: le style casual, la simplicité, l’attitude posée, « l’envie de ressembler » que suscite le personnage. Eh bien, j’ai l’impression que dix avant tout le monde, Gene Kelly a su imposer des éléments propres au « cool » en portant sweatshirt gris, polos, pull cols V (sans chemise!) et penny loafers au milieu d’années 1950 guindées par le costume gris. A vous de vous faire votre propre avis avec les photos ci-dessous!

« I used to envy [Fred Astaire’s] cool aristocratic style, so intimate and contained. Fred wears top hat and tails to the manner born — I put them on and look like a truck driver. » (Gene Kelly)

« A sailor suit or his white socks and loafers, or the T-shirts on his muscular torso, gave everyone the feeling that he was a regular guy. » (Betsy Blair)


ETSU Campus Life.

J’aurais pu appeler cette série de photos « Les 4 saisons de l’ETSU ». L’ETSU, c’est l’East Tennessee State University. Ni membre de l’Ivy League, ni très glamour, l’université a cependant eu la bonne idée de mettre quelques photos d’archives en ligne, où l’on distingue très bien les différentes saisons de l’année scolaire, et donc les tenues qui vont avec. Et ça, c’est cadeau! Les scènes de vie sur le campus auxquelles vous allez assister sont de très belles photos, essentiellement des années 1940 aux années 1970 (une fois n’est pas coutume), dont je me serais voulu de ne pas vous en avoir fait profité. On notera les évolutions des styles , la coupe des chinos des tireurs à l’arc, les penny loafers de la dernière photo et l’attitude des étudiants des 1950’s dans leur dorm-room.

 

 

 

 


Gant Rugger: Gangs of New Haven.

Aaaaah, que l’on s’entendrait bien avec Christopher Bastin, designer suédois de Gant Rugger. Comme pour venir appuyer l’article précédent, sa collection remonte aux sources d’un style aux combinaisons vestimentaires simples, pour nous faire oublier les petits grigris et accessoires futiles et inutiles. Cela fait quelques années qu’il fait revivre les années « college » et « ivy » des 1950’s et 1960’s américaines en prenant soin de créer à chaque fois un véritable contexte pour laisser s’épanouir ses vêtements, et l’histoire de Gant. Pour la prochaine collection printemps/été 2011, il actualise les vestes et chemises madras (c’est Gant qui a ramené ce tissu d’Inde sur les campus, dans les années 1950!), mise sur l’ensemble short/blazer , et le côté intemporel de quelques éléments d’inspiration marine. Autant d’éléments que l’on retrouve dans la très chic New Haven, thème central de Rugger cette saison. Le style « voile, balade sur le port et couleurs bouffées par le soleil », on cautionne ! Surtout lorsque l’on voit ce chino bleu noué avec une corde et des chaussures de pont en toile, ou cette combinaison pull Irish Fisherman et short madras. Basique, efficace, décontracté et surtout délavé: tout ce que j’aime pour les beaux jours prochains, au risque de me répéter!


Summer Camp 1967.

Que j’ai hâte, que vous avez hâte, que nous avons hâte… de les voir arriver ces jours plus chauds où l’on arrête d’hésiter entre vestes d’hiver et chemises d’été. Un hiver printanier, rien de plus compliqué, rien de plus bâtard pour faire quelque chose avec sa garde-robe. Quoique, ça a été l’occasion d’essayer certaines superpositions, comme un simple coupe-vent ou ciré sur un pull col châle ou un polo de rugby sous une veste matelassée. Mais la prochaine belle saison va être l’occasion de ressortir certains vieux bouts de tissus, dans un élan de simplicité et de décontraction, croyez-moi! Et n’oubliez pas le sourire, qui fait tant défaut aux parisiens en ce moment. L’été 2011 sera certainement la saison du cool, de l’Ivy Look version « West-Coast », tel qu’on pouvait le voir à Berkeley: couleurs passées par le soleil, madras par petites touches (comme l’an dernier…), chemises oxford tombant sur un short coupé dans un vieux jean ou chino, pourquoi pas vos vieilles Converse explosées par les matchs de basket ou vos Sperry CVO sneakers burinées par le sable et l’eau de mer… et puis le sweatshirt! Pas de nombre limite pour cette pièce, liberté de vous lâcher: du 50’s de l’armée US, du Champion des 60’s aux couleurs d’une université, de l’imprimé hotrod, manches longues ou manches coupées au-dessus du coude, ou tout simplement uni. J’ai d’ailleurs décidé, après mûre réflexion, de me lancer dans la collection de ce vêtement,  pièce essentielle de ce que l’on serait tenté d’appeler le « casual intemporel ». Une photo pour résumer tout ça? Celle ci-dessous, prise lors d’un Summer Camp à Loma Mar, Californie, en 1967. Pourquoi se tuer à faire compliqué?


Yale x. J.Press.

Après une collection que l’on aurait voulue plus convaincante avec Daniel Crémieux, J.Press revient aux fondements de l’Ivy League en s’associant avec Yale. Une association qui date puisque J.Press a été créée en 1902 à New Haven, Connecticut, sur le campus de l’université de Yale. La marque américaine, qui est certainement celle qui représente le mieux l’Ivy Look, proposait déjà des accessoires aux couleurs de Yale aux US et même des chemises et des sportcoats au Japon, d’après les informations pointues du collègue Christian d’Ivy Style. Et pour la France? Ben rien. Il nous reste les yeux pour pleurer ou la possibilité de commander sur leur site sweatshirts, embroidered chinos et chapeaux (et un peu plus, on espère), au risque d’avoir la douane sur le dos. Au pire, vous pourrez toujours faire floquer « Yale » sur l’un de vos vieux sweats chez Decathlon…


Dirty Beaches vs. McPherson College in the 1950’s.

A priori, aucun rapport entre Dirty Beaches, le nom de scène d’Alex Zhang Hungtai, et cette vidéo de la vie sur le campus de McPherson College dans le Kansas. Et pourtant, en jouant le morceau « Sweet 17 » sur ces courtes archives, vous verrez que les deux collent à merveille. Dirty Beaches puise ses influences dans le rockabily, la surf-pop des 1950’s et des 1960’s avec une voix qui rappelle l’hypnotisant Alan Vega et même le grand Elvis. Pas banal pour un chinois, originaire de Taïwan et émigré à Montreal après dix ans d’études à Hawaii. Après de multiples EP’s disséminés à droite à gauche, sur cassettes ou vinyles, Dirty Beaches sort enfin un album, « Badlands », prévu pour le 29 mars sur le label  Zoo Music. Avec lui, on s’imagine sans problème faire de l’athlétisme avec ces étudiants en sweat à capuches (1:03), rentrer en cours avec son letterman (3:50) ou se balader avec deux potes en varsity jacket (3:45).

The Couples.

Pour vous, ce titre sonne certainement très différemment dans vos oreilles attentives à la moindre nouvelle tendance stylistique. La faute à une marque qui, on ne sait pas pourquoi, victime de son succès, ouvre boutique sur boutique en Europe. Eh non, « The Couples » dont il est question ici ne sont pas « The Kooples ». J’ai bien du mal à évoquer ne serait-ce que son nom, mais il faut bien le faire pour en parler brièvement. Essayez de pénétrer dans l’une de ces boutiques à la devanture noire et à l’accueil des vendeurs/euses qui l’est tout autant. Il faut bien peu de temps pour s’apercevoir que l’on a là affaire à l’un des plus beaux foutages de gueule, désormais monnaie courante dans ce que l’on serait tenté d’appeler « la mode », et Deedee ne dira pas le contraire. Je tâche de retrouver mon calme et je vous explique pourquoi. De loin, ça peut faire rêver: une campagne de communication efficace et martelée, qui montre essentiellement des couples qui font la tronche, des boutiques sobres et des produits qui paraissent bien… de loin. En s’approchant, on découvre des matières toutes aussi laides et pauvres les unes que les autres, une qualité qui pêche en de nombreux points, une inspiration  et une palette de couleurs qui nous expliquent pourquoi les « Kooples » font la tronche, puisqu’elles sont d’une monotonie et d’une morosité à en faire pâlir un croque-mort. Mais les auteurs de cette goujaterie ont tout compris: leurs « vêtements » ne se vendront que si les prix pratiqués sont tout aussi aberrants. Et ils le sont! Près de 1000 euros pour sortir avec un blazer bleu marine qui s’arrête au nombril, une chemise en papier froissé et un jean coupe cigarette que vous n’aurez pas de mal à fumer au moindre accroc. Une affaire qui marche, c’est certain, lorsque l’on se ballade Rue de Bretagne au milieu des dandy charlatans attablés en terrasse pour montrer « comment elle est bien ma tenue, d’ailleurs la preuve, regarde les centaines d’autres mecs dans ce bar ont exactement la même. » Oui, parce que le style pour ceux-là, c’est l’appartenance à un clan, où l’indépendance proclamée haut et fort s’épuise dans leurs opinions chantées à l’unisson, où l’originalité ne se résume qu’ à la copie et à l’imitation du groupe auquel ils appartiennent et où la lucidité est rejetée comme une hérésie des temps modernes. Bien tristes sont-ils, et bien à leur image est la marque qui s’en veut le porte-drapeau. Moi, aigri? Certes pas non! Libre? Oui, je l’espère! Alors ressors des abîmes indépendance d’esprit pour venir taquiner ces communautarismes religieux et sociaux qui s’accrochent à une époque où la plus belle liberté que l’on ait, c’est celle d’avoir le choix dans tous les domaines et de s’enrichir de la curiosité de nos semblables. Inspire-toi de ces modestes scans de l’Esquire de septembre 1967 pour montrer que « The Couples » – d’une époque où les Melville et Kubrick étaient devenus des Grands pour être sortis des sentiers battus du cinéma – n’avaient pas besoin de s’enfermer dans la masse leader de leur temps pour être reconnus. Un temps où l’indépendance des goûts et des opinions était considérée comme une force et non comme une faiblesse…


Merci à Gloucester, A Bottled Spider pour les scans.

Ca n’arrête pas!

C’est marrant d’être tombé sur cette photo de l’US National Archives montrant un étudiant rentrant dans sa famille à Hayward en Californie, puisqu’elle résume exactement la situation actuelle de votre hôte blogger. Situation qui est à l’origine de l’absence d’article depuis plus d’une semaine. Non pas qu’il n’ait plus de sujets à traiter, bien au contraire, mais parce qu’en ce moment il va de lieu en lieu, d’appart en appart, de pote sympa en pote sympa. Ce petit côté vagabond n’est pas déplaisant mais il a finalement trouvé de quoi poser son baluchon rempli de vêtements pour un ou deux mois chez quelqu’un que vous connaissez bien. Le temps de son installation, profitez-en peut-être pour explorer un peu plus la galerie Flickr mentionnée plus haut. Merci à tous de lui rester fidèle.



Poughkeepsie Regatta #3

Dernière série de la Bain Collection, retraçant les grandes années de la régate inter-universitaire de Poughkeepsie. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, vous pouvez voir les deux première séries ici, et ici.