greensleeves to a ground

Mois : mars, 2011

Ivy dorm-rooms.

Oubliez les chambres des cités étudiantes et autres CROUS où l’on a honte d’amener ses amis et où le principal souci est d’en partir au plus vite, souvent causes du manque de motivation présent dans nos amphis délabrés. Je ne dénigre pas, j’ai constaté par moi-même! Les écoles universitaires américaines ont une toute autre culture, celle du campus en pack complet, des salles de cours aux chambres en passant par les salles de sports, les parcs, les boutiques (dont les fameuses Co-Op où l’on s’habillait Ivy pour que dalle). Les chambres, ce sont les dorm-rooms, lieu de vie principal de l’étudiant et où il fait tout pour se sentir chez lui: personnalisation, étendards de ses aïeuls passés dans la même université, photos de famille. Et ça peut aller très loin à partir des preppies des 1980’s, fans de canards, cravates club et autres Go-to-Hell. On peut s’en faire une vague idée très colorée ici. Mais dans les années 1940, 1950 et 1960, c’et plus sobre. On y retrouve ses potes, on y travaille, on y fume la pipe, on y baise (j’espère!): aaaaah la belle époque! C’est l’endroit où le jeune américain se construit, ou se déconstruit; c’est même dans ces dorm-rooms qu’est né l’Ivy Look, lorsqu’un beau jour on décida de ne pas spécialement changer sa tenue d’intérieur pour aller en cours. Petite compilation sommaire et illustrée, made in LIFE.

 

Le halfback de l'université de Michigan Tom Harmon dans sa dorm-room en octobre 1940 (by Alfred Eisenstaedt/LIFE).

Eli Tulles, étudiant de la Woodberry Forest School, en plein rasage de pré-soirée, 1944 (by Alfred Eisenstaedt/LIFE).

Pas de problème de concentration pour ces trois potes de Howard University. Pas de problème de style non plus... 1946 (by Alfred Eisenstaedt/LIFE).

Petite pipe du soir, sans mauvais jeu de mots, dans cette dorm-room de la Naval Academy d'Annapolis, 1940 (by David E. Scherman/LIFE).

Plutôt carrés et soigneux ces deux étudiants de la Navy, Annapolis, 1941 (by John Phillips/LIFE).

Remarquez la poche de poitrine sur le sweatshirt et les spectator shoes. Et puis la pipe, les photos de jolies femmes... On est en 1942 dans le Nebraska (by Walter Sanders/LIFE).

Le crewneck est roi dans les dorm-rooms de l'Illinois en septembre 1956 (by Grey Villet/LIFE)

On se détend un peu pendant la Rush Week (période de recrutement des Fraternities & Sororities) de cette université de l'Illinois, 1956 (by Grey Villet/LIFE).

On se prépare pour les Prep Schools à Hill School, Pottstown, 1942 (by Alfred Eisenstaedt/LIFE).

A Chino Hills, à la Boys' Republic School, l'ancien étudiant qui visite sa chambre d'antan, c'est Steve McQueen! Juin 1963 (by John Dominis/LIFE).



Steve McQueen: à la vie comme à l’écran.

A force de parler de McQueen, à force de voir ses photos, de voir ses films on cherche les petits détails du bonhomme et c’est passionnant. Le risque: c’est l’overdose pour mes lecteurs. Mais autant on peut faire une overdose de Preppy, de pulls rayés, de camouflage, de la Rue de Bretagne et de beurre d’escargot (?!), autant McQueen j’ai du mal à croire qu’il me gonflera un jour. En fait, au bout d’un certain temps d’observation et de fanatisme, on se rend vite compte que l’acteur s’habillait dans la plupart de ses films exactement comme dans sa vie de tous les jours. Et c’est un ami, Elie alias The Duke, certainement l’un des plus grands fans de Steve McQueen que j’ai rencontré jusqu’alors, qui me l’a confirmé: « Sur les tournages, c’est McQueen qui choisissait ses tenues. » J’ai toujours cherché l’exemple photographique le plus parlant pour illustrer cela et je crois enfin l’avoir trouvé. Dans The Great Escape, l’outfit du King Of Cool est resté l’un des plus emblématiques du personnage, mais certainement aussi l’un des plus simples et des plus fidèles historiquement du cinéma . Au point que The Duke a reproduit lui-même le fameux sweatshirt bleu aux manches coupées à partir du modèle original et Toys McCoy, les boots M-43, la flight jacket A-2 et même des figurines du Capitaine Virgil Hilts! A part le chino remplacé par un jean sur ses séances motos de « Stevou » (oui, on est un peu cul et chemise maintenant), comment faire une différence entre la tenue du tournage et celle de ces photos de week-end, prises quelques années plus tard?

Dans La Grande Evasion, Steve McQueen porte un chino, un sweatshirt bleu aux manches coupées, des chaussettes blanches en laine et des boots de service M-43 (sur la photo, ce sont plutôt des Combat Boots des 1960's).

A part les manches coupées plus haut sur le bras, le jean et la moto, c'est le même McQueen que dans La Grande Evasion sur cette photo de session moto privée.

Là aussi c'est flagrant, jusqu'à la couleur du sweatshirt et le modèle des boots!


Football, coaches & sweaters.

Même si dans le baseball du début du XXe siècle, le cardigan est monnaie courante chez les joueurs sur le banc ou à l’entraînement (on y reviendra prochainement), il est beaucoup plus rare sur les terrains de football américain. Sauf chez les coaches…

De g. à dr. : Spalding, Baumeister, Bull, Gallauer, Ketcham et Howard Jones. Les quatre en cardigan sont les coaches de l'équipe de Yale, Ketcham en est le capitaine. (Library Of Congress)

Spalding, coach de l'équipe de football de Yale (dans les années 1910).

Chester L. Brewer, coach de l'équipe de Michigan State University de 1903 à 1910. (© Michigan State University Archives)

A droite, le légendaire coach John Heisman discute avec un autre coach de l'University of Pennsylvania, F. Harold Gaston. (© Bettmann/Corbis)

L'un des plus grands coaches de tous les temps, Gilmour Dobie, et son cardigan à la matière plutôt originale (à l'époque de cette photo, coach de l'University of Washington).

SHS Athletics, 1960.

En général, celui qui s’inscrit au SHS (Sacred Heart Seminary) à Detroit, ne le fait pas spécialement pour se marrer. En effet, cette école , l’une des meilleures des USA, enseigne la théologie… Alors que trouver de bien intéressant à partager avec vous dans cette école, si ce n’est quelques psaumes de l’apôtre Jean-Guy? Attendez donc! en 1960, Paul Geenen y est étudiant, et caméra 16 mm à la main, il décide de faire quelques films des séances de sport de ses camarades. La bonne idée! 50 ans plus tard ils sont sur Youtube. Le genre de saut dans le temps, même sans son, qui fait plaisir à voir. Softball, tennis, athlétisme, hockey, … Jeans, sweatshirts, chinos, sneakers en toile, … Bref, du vrai sportswear de la fin des 1950’s et du début des 1960’s.  Difficile d’imaginer ces étudiants devenir de bons et fidèles pasteurs!


Chillin’

Quasiment 20°c à Paris, grand beau temps, et puis cette photo! Je crois que je vais aller me la péter un peu au soleil avec mes Persol 714, mon jean gris, mon t-shirt blanc de chez Leclerc, mes Wigwam crew socks en laine et mes tennis usées. A condition que je trouve un trottoir parisien assez propre pour y poser mes fesses… Me manqueront juste la gueule de McQueen et son humilité. Bonne journée à tous!

via aboutyourdress


Dustin Hoffman by John Dominis, 1969.

En 1967, un certain Dustin Hoffman, 30 ans, fait son apparition dans la merveille très « Ivy Look » de Mike Nichols: The Graduate. Armé d’un navy blazer, d’un seersucker, de cravates club, de penny loafers ou de sneakers blanches, il campe un étudiant petit, naïf, timide, maladroit, à la coupe de garçon trop gentil et au sourire « polisson », tiraillé entre la passion pour une femme mûre (Anne Bancroft) et sa fille jouée par la splendide Katharine Ross. C’est avec ce film, qui lui valut une nomination aux Oscars du meilleur Acteur, qu’il franchit un cap dans la célébrité. Et pourtant, deux ans plus tard, alors qu’il tourne John & Mary de Peter Yates (réalisateur du grand Bullitt, qui nous a quittés en début d’année) aux côtés de Mia Farrow, on découvre un personnage d’une simplicité incroyable, dans sa vie de tous les jours, sur le tournage et avec sa famille. Casual, Ivy, on ne pense pas forcément à Dustin Hoffman lorsqu’il est question de cela. Mais je vous arrête tout de suite! Le talentueux photographe de LIFE, John Dominis, dont nous avons déjà parlé ici, nous prouve le contraire en nous montrant un Dustin Hoffman de 32 ans qui semble en avoir 19, et dont le style n’a rien à envier aux Newman, Davis et McQueen. Peut-être qu’il va même encore plus loin dans le casual. A l’heure où l’on s’arnache d’accessoires inutiles en tous genres, je trouve qu’il est bon de rappeler que l’on envoie tout autant de style avec un sweatshirt, un chino et des sneakers. Oui, je sais, je me répète, c’est une lubie. Mais si vous êtes sur cette page, c’est bien qu’on partage la même obsession. La faute à l’ami Dustin qui donne sa petite touche perso au Cool. Keep it simple!

Dustin Hoffman sur le tournage de John & Mary, le 17 février 1969.

Hoffman discute avec Peter Yates. Joli blouson au passage.

Moment de détente avec Mia Farrow, toujours sur le tournage de John & Mary. Pantalon en velours côtelé et sweatshirt.

Superbe outfit, avec un Letterman de Yale, où étudie Dustin Hoffman dans le film de Peter Yates.

Toujours à New-York en 1969 sur le tournage de John & Mary. La superposition chemise, veste en tweed et trench-coat, le tout associé au chino. Hoffman a tout compris au Sack-Suit!

Une attitude et une tenue qui rappellent son rôle excellent dans The Graduate deux ans auparavant.

Séance maquillage pour Mia Farrow; casse-croûte pour Dustin.

 

 

En 1969, Hoffman a 32 ans. On dirait un vrai gosse à table avec sa femme Anne Byrne et leur fille.

Chino + sweatshirt à la maison? Ca me rappelle un dénommé McQueen.

On oublie souvent le blouson en suédine. Ici, Hoffman l'associe à une chemise flanelle et un pantalon en cotton (beige certainement).

La petite famille Hoffman visitant les Cloisters de New-York. On voit le reste de l'outfit précédent: sneakers blanches, tout simplement.

Mars 1969, à Central Park. Comme McQueen (encore une fois!), Hoffman s'habille à la ville comme dans ses films. Remontez un peu au-dessus, et vous reverrez ce trench superposé quelque part...

La balade se termine à Riverside Park, près du port.

Source: John Dominis/LIFE

Vassar College, 1939.

Le 8 mars, c’était la journée de la femme. Qui y a pensé à part les femmes elles-même? L’existence de cette journée, ridicule au demeurant, simple attirail commercial pour que les fleuristes écoulent leur stock de la St-Valentin, montre bien que l’égalité des sexes est bien loin d’être chose acquise. Et ce blog n’y est pas pour rien, puisqu’en un an d’existence, pas une seule fois il n’a été question des femmes, si ce n’est quelques photos, au grand dam de mon public féminin que j’imagine rare. Après plus d’un an à parler du style masculin, je vais donc faire un écart pour les dames, et pas n’importe lesquelles. A la fois pour rendre hommage à celles sans qui l’homme n’aurait pas besoin du style  et pour compléter bien modestement cette excellente interview de Rebecca Tuite à propos des Vassar Girls, réalisée par les collègues de Hell’s Kitchen. Topo rapide: le Vassar College est l’un des membres des Seven Sisters (l’équivalent féminin de l’Ivy League) créé en 1861. Les étudiantes de Vassar ont fait l’objet de nombreux articles sur Ivy Style (notamment celui-ci de la même Rebecca Tuite), puisqu’à l’égal des Ivy Leaguers, isolées dans leurs universités, elles ont créé leur propre style influençant podiums, magazines et « modeuses » des années 1950. La vidéo qui suit est un témoignage intéressant et en couleurs (!) de la vie au sein du Vassar College, situé à Poughkeepsie (où l’on s’est déjà rendu pour assister à la fameuse régate). Certes, elle date de 1939 et non des années 1950, comme il est tant question dans la thèse de Rebecca Tuite, elle-même Vassar Girl, mais on sent clairement une décontraction recherchée dans leur style, à la fois naïf et bon chic bon genre. Beaucoup plus casual que les femmes pomponnées de New-York, les Vassar Girls ont su s’affirmer et semblent avoir eu tout autant d’influence chez la gent féminine que  les Ivy Leaguers sur la garde-robe masculine. Elles méritent donc bien leur place ici, autant que les garçons de Take Ivy, et cette vidéo de 28 minutes, à regarder dans son intégralité, leur rend un bel hommage. Retour donc à Poughkeepsie, en 1939 cette fois, et place aux femmes!

Pour en savoir (beaucoup) plus:

L’interview de Rebecca Tuite par Hell’s Kitchen.

Le blog de Rebecca Tuite.

La chaîne Youtube de Vassar.

Hamburg!

50 ans après les Beatles et leur allure à la James Dean, je pose le pied à Hambourg. Je serai bientôt de retour! Merci à tous pour votre fidélité.