Poppers: les preppies de Hambourg.

Ils sont beaux, ils sont arrogants et roulent en Golf 1 Cabrio… Le 14 mars 1980, ZEITmagazin met en couverture une bande de jeunes yuppies à la sauce allemande qu’ils surnomment « Die mit der Tolle » (littéralement « ceux avec le toupet »): ce sont les Poppers. Née dans les lycées des quartiers chics de Hambourg tels qu’Eppendorf ou Harvestehude à la fin des années 70, cette mouvance est une anti-anti-mode. Sorte de réponse douce et « j’pète plus haut que mon cul » aux Punks qui envahissent les quartiers plus populaires de la ville (Altona, Ottensen). Plutôt que des cheveux mal coupés aux couleurs pâles, le Popper préfère la coupe parfaite de petit bourgeois avec cette grande et lisse frange qu’il remettra en place d’un mouvement de tête lent et en diagonale – bien trop souvent au goût de tous.

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La couverture de ZEITmagazin du 14 mars 1980: la consécration du mouvement Popper.

Pulls à col V en cachemire, manteaux Burberry, polos Lacoste, « College-Schuhe » (mocassins à pompons), serviette cuir de papa docteur ou avocat et chaussettes Burlington: le Popper porte de la marque et le montre. Chez les filles, on se parfume chez Cartier, on porte des pantalons « carotte » de Fiorucci ou à motif écossais ramenés du voyage scolaire à Londres, on arbore des sacs d’Etienne Aigner et on fume des Dunhill. Pas de bière, mais du champagne. Quand je les vois, je ne peux m’empêcher de penser à Joel Goodson (Tom Cruise) dans Risky Business.

Popper-Clique

En Autriche, on les surnommera simplement « Snob » et c’est bien ce qu’ils sont. Dans un documentaire à paraître sur les « gangs » de Hambourg, un punk les définit ainsi: « les Poppers, ceux qui se branlent devant American Graffiti! ». Ce qui, somme toute, est assez bien résumé. Véritable version germanique du Yuppie, les néo-romantiques avaient intérêt à ne pas sortir de leur quartier huppé. Car face aux guitares grinçantes des blousons noirs, les bandes-sons de Spandau Ballet ou Haircut 100 ne faisaient pas vraiment le poids, ni d’ailleurs les raquettes de tennis ou les clubs de golf.

Gehobene Freizeitgestaltung

Pourtant, à une époque où la protestation était légion, les Poppers ont réussi à marquer leur territoire grâce à une absence de pensée politique contestataire et une tendance à être aussi lisses que leurs cheveux (c’est marrant, on dirait que je parle d’aujourd’hui, sauf que désormais ils portent des barbes, des tatouages de leur maison d’enfance et des coupes de cheveux années 20). Ce qui avait le don d’énerver les punks. Et moi aussi.

Nobel-Teenager

Mocassins, chaussures bateau, chinos et doudoune. On se croirait sur un campus de l’Ivy League.

"Kashmir-Kinder"

Dunhill ou Lord Extra au bec, les Poppers ne se mélangent pas beaucoup avec les autres « gangs ». Bon, faut savoir que du punk au rocker, personne pouvait les blairer.

Mit erhobenen Nasen

Des Poppers devant leur repère: le Nach Acht à Hambourg.

Einfach Spaß haben

Ca chope au Klimperkasten, ancien bar hambourgeois envahi par les Poppers et leurs vêtements de bouffons.

Sehen und gesehen werden

Le Popper standard va chez le coiffeur toutes les 3 semaines pour maintenir leur coupe aux noms aussi sexy que « Schwenker » ou « Elbtunnel ».

Interessanter als die Anderen

Les photos de Kei Greiser sont à retrouver en intégralité sur le site du Spiegel.

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The Haunted Ballroom