Vienne par -15°C.
Lorsque l’on est à Vienne, on se sent hors du temps. Un peu comme on se sent hors de soi lorsque l’on est à Paris, submergé par la saleté et l’oppression des esprits fébriles qui se veulent supérieurs. Riche d’un patrimoine historique exceptionnel, cette ville cosmopolite, propre, libre, aux frontières entre ouest et est, entre présent et passé, est le porte-drapeau d’une Autriche discrète mais respectueuse, attachée à ses valeurs. Il y a trois semaines, j’y étais. L’air y était aussi frais que la neige abondante, les voitures salies par le sel ne venant en rien ternir la beauté du centre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ni la vie de café que le monde lui envie. Cette vie de café, elle prend tout son sens quand les températures extérieures demandent au moindre sourire un effort surhumain: les viennois sont là – les habitants comme les cafés du même nom – assis à leur table de marbre ou de bois, lisant leur journal, écoutant leur musique, seuls ou entre amis, discutant du monde comme Tolstoi a dû le faire avec ses partisans au Cafe Central, il y a 90 ans. Aussi belle en noir et blanc qu’en couleur, racontant chaque fois une histoire différente, Vienne rend fiers les autrichiens qui ont concentré ici tout leur art de vivre. Un art de vivre où le raffinement et la tradition prennent un sens souvent perdu dans les autres capitales d’Europe. Je me devais donc de vous faire un petit rapport de voyage et une sélection de quelques bonnes adresses où vous pourrez aisément vous rendre le temps d’un long week-end.

Vous verrez rarement ailleurs en Europe une sélection aussi exigeante de mobilier des années 1920 aux années 1970. Chez Lichterloh, toutes les antiquités sont triées sur le volet et le magasin est organisé en pièces reconstituées par époque. On s’y sent comme à la maison.

Le magasin Lichterloh donne presque envie de s’asseoir et de déguster un café dans un de leurs fauteuils. Il faudra cependant aller en face, au Cafe Sperl, pour pouvoir savourer une boisson chaude.

Vienne cosmopolite vous disais-je. Il n y a pas meilleur endroit que le Naschmarkt pour s’en rendre compte. Le marché aux puces rassemble bulgares, roumains, tchèques, slovaques, hongrois dans un mélange de produits de toutes périodes et à tous les prix, parfois très rares. Les collectionneurs s’y bousculent autant que les touristes. L’un des plus intéressants Flohmarkt que je connaisse.

En quatre jours, on a le temps de prendre ses habitudes. La première d’entre elles: le Cafe Drechsler. Situé à côté du Naschmarkt, il permet de se rassasier après s’être ouvert l’appétit avec les produits italiens, allemands, autrichiens et français du marché voisin.

La cuisine autrichienne trouve ses valeurs dans la simplicité. Cette Käsekrainer (une saucisse fourrée au fromage) est venue plus d’une fois sur ma table lors de ce weekend. Le contraste entre les couleurs vives du plat et le teint monochrome du Cafe Drechsler datant de 1919 ne rendait le tout que plus appétissant.

Le style fait autant parti de Vienne que l’histoire. On y trouve de nombreux tailleurs traditionnels tels que Knize, habilleur de nombreuses stars du cinéma allemand d’entre deux guerres et son magasin art-déco aménagé par Adolf Loos. Mais Jungmann & Neffe mérite tout autant le détour.

Chez Jungmann & Neffe, le choix de cravates et de mouchoirs de poche est énorme. Cette maison fondée en 1866 propose aussi un grand choix de parapluies et de tissus de toutes sortes dont sont remplies les étagères en bois.

Ma deuxième adresse « d’habitué » a été dès le premier soir la Gasthaus Pöschl. Dans une petite rue parallèle à l’allée commerçante Kärntnerstrasse, le cadre est juste parfait.

Bien que l’on apprécie la chaleur du métro viennois en hiver, il n’y a rien de plus typique que de prendre l’une de ses vieilles rames de tramway aménagées en bois pour se déplacer dans la capitale autrichienne.

Situé sur une bute en plein centre ville, autant vous dire qu’à Belvedere, on se caille les miches. Ce palais vaut pourtant beaucoup plus le détour que Schönbrunn, y compris l’été.

L’Apfelstrudel et les plats de snacking n’y sont pas aussi bons qu’au Drechsler, mais la déco 50’s du Cafe Prückel mérite de venir y prendre un café.

Une autre adresse de style et de choix, le plus fameux bottier d’autriche Scheer & Söhne fondé en 1816 par Johann Scheer…

Impossible d’aller à Vienne sans visiter l’un des nombreux musées de très haute qualité du Museumsquartier. Le Kunsthistorisches Museum (KHM) a l’une des plus belles collections d’arts antique et classique d’Europe.

Une des nombreuses salles, classées par pays, du KHM. Pas trop grand mais complet, on le fait en 3 heures sans problème. Un musée comme on les aime.

Et enfin, le point fort gastronomique de ces quatres jours à Vienne: la Meierei Im Stadtpark. Située dans le seul restaurant triple étoilé de la ville (Steirereck) abrité dans cette jolie maison en plein parc, on y sert des fromages et produits laitiers excellents et des petits-déjeuners hors de ce monde.
– Lichterloh, Gumpendorferstraße 15-17, 1060 Wien
– Marché aux Puces du Naschmarkt, tous les samedis de 6h30 à 18h. Naschmarkt, 1060 Wien.
– Cafe Drechsler, Linke Wienzeile 22, 1060 Wien.
– Wilhelm Jungmann & Neffe, Albertinaplatz 3, 1010 Wien.
– Gasthaus Pöschl, Weihburggasse 17, 1010 Wien.
– Schloss Belvedere, Prinz-Eugen-Straße 27, 1030 Wien.
– Cafe Prückel, Stubenring 24, 1010 Wien.
– Rudolf Scheer & Söhne, Bräunerstraße 4, 1010 Wien.
– Kunsthistorisches Museum, Burgring 5, 1010 Wien.
– Meierei Im Stadtpark / Restaurant Steirereck, Am Heumarkt 2A, 1030 Wien.