Barye: fraîches les cravates, fraîches!
La Maison Barye, c’est un peu la clairière que l’on attendait lors d’une balade au milieu d’une forêt dense. Une clairière remplie de fraîcheur, de douceur et de nonchalance qui apporte son rayon de soleil au-dessus, bien au-dessus, des marques qui se disent Made In France et qu’il n’en est point, aux diplômés tendances d’école de commerce qui se veulent créatifs mais copient, aux porteurs de costumes Zara qui se veulent fashion designers pour noeud-papillon moustache.
À en voir les photos de la première collection de la marque parisienne intitulée Planten Un Blomen (« plantes et fleurs » en vieil-allemand et en hommage au parc de Hambourg qui a accueilli pendant deux ans les flâneries de la partie masculine du duo), on pourrait aisément croire Barye née en pleines années 1900: à l’époque où l’on vomissait sur la Tour Eiffel, où l’on déjeunait sur l’herbe, où l’on découvrait le tennis (ouais, c’est une raquette de badminton et je t’emmerde. Tu joues au badminton? Ben pose-toi des questions.).
Eh non! Bien que germée, arrosée et mûrie depuis des années dans la tête de leurs créateurs – mes amis Julien Lagarde et Sonia Caillou – les couleurs et motifs fruités et acidulés n’ont pas plus de deux mois d’ancienneté. Et pourtant, au toucher et à la vue, on croit sentir l’héritage d’un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération, de mains en mains et de tour-de-cou en tour-de-cou.
Imaginés dans leur appartement-atelier de Montreuil, les dessins et motifs originaux filent ensuite droit au Lac de Côme pour se détendre sur un tissu de haute-qualité tel un coupeur de canne sur son hamac en fin de journée, puis reviennent en France pour devenir cravate dans l’un des derniers ateliers de confection du pays.
C’est beau, c’est pas facile à porter et pourtant on en redemande. Travaillée dans le plus petit détail (délicieuse étiquette qui se transforme en « porte-pince à cravate »), chaque cravate est vendue en nombre très limité, dans une boite numérotée et avec un petit mot bien senti pour le nouvel heureux et rare propriétaire.
En plein temps des extravagances voulues, rien n’est plus beau qu’une folie assumée et, qui plus est, lorsqu’elle n’aurait pu venir de personne d’autre que ce duo d’artistes. Car oui, ce sont des artistes. On a envie de croquer dans leurs zestes d’orange et de se baigner entre leurs coraux ramenés de quelques rêveries au bord du canal Saint-Martin avant d’attendre la deuxième salve pour la saison froide. Mais en attendant, c’est l’été et, bonne nouvelle: il se porte à merveille!