Gant Rugger
Il était question du style universitaire américain dans le précédent article. Gant en a fait le thème principal de sa collection « Rugger » printemps-été 2010. A partir d’archives photographiques et de sa grande connaissance de l’histoire du style américain, le designer Christopher Bastin reconstitue un style très « preppy » (l’équivalent de nos BCBG) en vogue dans les années 1960 et 1970. Née à cette même époque, Gant Rugger est une illustration particulièrement réussie de l’histoire de la marque devenue un standard du style traditionnel américain.
Même si Gant est officiellement née en 1949, il faut remonter à 1914 pour voir les premiers « G » apposés sur les chemises fabriquées par Bernard Gant, immigrant ukrainien installé à New-York. Très vite, ce gage de qualité va l’amener à fournir en chemises des marques aussi prestigieuses que J. Press et Brooks Brothers. Avec ses frères Marty et Elliott, Bernard a monté une affaire qui marche à New Haven, Connecticut. Dès les années 1960, Gant envahit les campus et devient une référence pour tous les étudiants américains en quête de sportswear de qualité. A l’époque, Gant est l’un des plus gros vendeurs de chemises au monde.
Lorsque son fils reprend les rênes de l’entreprise familiale, il décide de faire du maillot de rugby une nouvelle icône de la garde-robe américaine. Aux Etats-Unis, ce maillot (et le sport qui va avec) est appelé « The Rugger ». Idée qui a plutôt bien fonctionné… En 1973, la première collection Gant Rugger fait son apparition. Malgré un succès important et une ligne sportswear superbe, le label Rugger est peu à peu relégué vers le fond des placards. En effet, la petite affaire familiale devenue grande passe de mains en mains, achetée puis rachetée jusqu’à trouver un repreneur définitif suédois en 1981.
Près de 30 ans après, Gant Rugger réapparaît à travers une collection presque immaculée : un véritable voyage dans le sportswear américain des années 1960. Christian Chensvold (fondateur du blog de référence Ivy Style) a d’ailleurs établi un parallèle juste et intéressant entre la collection et le fameux livre « Take Ivy », bible du style universitaire américain à sa plus belle époque. On ne serait parfois pas contre retourner sur les bancs de la fac.