La jeunesse de Des Moines, 1945.
Quoi qu’en pensent nos parents et grand-parents, les jeunes n’ont pas commencé à s’habiller comme des sagouins avec notre génération. Ils n’ont pas non plus commencé à refuser de faire ce qu’on leur dit en 1995, ils ne sont pas non plus devenus des petits cons qui branlent rien de leurs après-midis lorsque j’étais au lycée. Cela dit, étant moi-même relativement jeune (28 ans. Ouais c’est jeune.), je dois bien concéder à nos aïeuls que la jeunesse devient de plus en plus débile, et ce, profondément. Sur le plan vestimentaire évidemment – quoi que le point de vue d’un mec classique comme moi ne soit pas le plus objectif – mais surtout culturellement. Bien qu’en voyant ces photos on ressente pertinemment ce qui peut énerver les parents chez les jeunes, ce n’est pas aujourd’hui qu’on verra une bande de jeunes faire de la mécanique sur une voiture ancienne. Et je vous passe les valeurs de respect envers les plus âgés, envers les filles, etc. Alors attention, je vous vois venir et je vous arrête tout de suite : les « faut vivre avec son temps », je m’en branle à un point que vous allez avoir du mal à imaginer. Ce que je vois ici, c’est un témoignage incroyable d’une époque où la jeunesse venait de perdre un père, un grand-frère, un oncle à la guerre. Ca vous forme évidemment un mental. Nina Leen, pourtant connue pour ses photos animalières, a été chargée par LIFE en 1945 de se rendre à Des Moines, Iowa, pour capturer le style de vie et le quotidien de ces jeunes spécimens qui mèneront le changement de l’Amérique en défendant les Noirs, en envoyant l’Homme sur la Lune et Kennedy à la Maison Blanche, 20 ans plus tard.

Pour chaque photo, je reprends approximativement les légendes originales traduites de l’anglais. Ici, la tenue de l’étudiant standard de l’époque. Les loafers et chaussettes blanches sont de la partie, une chemise à zip et un jean bien large comme à l’époque, mais exagérément retroussé.

Une bande de potes se prépare à jouer au softball, cette variante du baseball qui peut se jouer partout.

Après les filles, le passe-temps favori des jeunes de Des Moines est le sport. Ici, un samedi après-midi classique pour eux.

Le commentaire est assez amusant sur celle-là puisqu’il dit que les jeunes passent la plupart de leur temps à traîner. Est-on bien en 1945?!

Même délire avec le soda. Pour s’en tenir à cette boisson, les jeunes de ces photos doivent avoir 17 ou 18 ans à tout casser. Le commentaire mentionne le fait qu’ils portent des chemises en plaid, ce qui semble être un signe de « rébellion » dans le style de l’époque. Avis à nos hispters du XXIe siècle : vous n’êtes pas les premiers.

Les jeunes membres du Molesters Club (auquel est dû le « M » sur le pantalon) bricolent une Ford T de 1927.

A une époque où l’automobile se démocratise, chaque garçon prend un malin plaisir à apprendre la mécanique et la carrosserie auprès de son père.

Style un peu extravagant, mais qui semble être une tenue « classique » du samedi après-midi (Saturday outfit).

Premier coup de rasoir pour Tom Moore, 17 ans, avant une soirée où, visiblement, des filles seront présentes.

Le commentaire est ici tout aussi intéressant : les garçons de l’époque aiment les coiffures à vague, mais pas les cheveux bouclés. Du coup, on lisse tant qu’on peut. On peut voir aussi que lorsque l’on sort, la cravate est de rigueur ; comme ce sera le cas pendant très longtemps. Malheureusement plus tellement de nos jours.

Voilà à quoi ressemble un jeune de 17/18 ans lorsqu’il s’habille pour se rendre à un rencard, en 1945. Brogues, cravate, chapeau, veste deux tons/deux matières.

Le ciné est étroit, mais on s’y presse quand même en costume pour aller voir les Ingrid Bermann, Gene Kelly, Ginger Rogers, Bing Crosby, Frank Sinatra ou Gary Cooper, tous à l’affiche en 1945.