Un court post pour vous annoncer que dans les 10 prochains jours, il n’y aura pas de post sur GSTAG. La faute à une surcharge de travail dans mon job officiel, dont je ne peux pas me plaindre, la priorité étant celui qui me rapporte le plus. Je ne vous laisse pas comme ça cela dit, puisque je vous offre ces quelques photos d’étudiants en plein travail. Merci pour votre compréhension, et comme toujours, profitez-en pour fouiller dans les archives du blog ou vous rendre sur le Facebook de GSTAG qui, lui, sera alimenté une ou deux fois par jour avec de la musique, des vidéos, des photos d’archives et de jolies femmes. A bientôt!
Les frères Woodroot et leurs sweaters col châle comme on en fait plus. Auburn University, 1925.
Auburn University, 1926.
Sherrod Library. East Tennessee State University, ca. 1960's.
Chubb Library. A noter: le back-button sur la chemise foncée de l'étudiant de dos. Ohio's University, ca. 1960's.
Chubb Library avec un bel exemple de pullover shirt en madras au fond. Ohio's Universty, ca. 1960's.
Il y a 46 ans, le 21 août 1965, le lieutenant Gordon Cooper Jr. et Charles Conrad Jr. embarquaient dans leur minuscule capsule Gemini V au sommet de la fusée Titan II pour réaliser ce qui sera à l’époque le plus long vol spatial. « 8 jours dans une poubelle », dira Conrad qui avait toujours la petite phrase taquine à la bouche. La capsule faisait en effet la taille de l’habitacle avant d’une Volkswagen Coccinelle; autant vous dire qu’il valait mieux être entraîné à la claustrophobie. Cette mission, en plein boum de la conquête spatiale (lancée en 1958 avec le programme Mercury) et consécutive aux missions Mercury, avait pour but de préparer les prochaines missions Apollo, direction la Lune et son sol gris et apocalyptique – bien que Gemini V soit simplement resté en orbite à 350 km d’altitude au-dessus de la Terre. Entre 1965 et 1966, pas moins de dix vols spatiaux habités porteront le nom de Gemini. Pour en revenir à Apollo, sachez que Conrad aura la chance de fouler la roche lunaire avec Apollo 12 en novembre 1969 et que le pilote commandant de l’équipage de réserve de Gemini V n’est autre qu’un certain Neil Armstrong (premier homme sur la Lune pour ceux qui débarquent). Alors pourquoi ce post? D’une part pour les photos, qui, que l’on aime l’espace ou pas, restent splendides, témoignage d’une des plus belles avancées de notre espèce. Pour les Omega Speedmaster aussi, dont chaque membre de la mission est équipé. Et d’autre part, parce que tout cela se passe la même année où l’on shoote Take Ivy dans les universités de l’Ivy League. Les étudiants de l’époque sont baignés dans cette culture de la course vers l’espace, et ceux de Princeton, dont Conrad est sorti avec un diplôme d’ingénieur en 1949, ont certainement suivi cette mission avec grand intérêt. Tout cela pour vous dire qu’il n’y a pas que le style qui est excitant dans les 1960’s: la conquête spatiale, les révolutions sociales, l’évolution culturelle… Vu de notre fierté du XXIe siècle, on a presque l’impression qu’ils étaient clairement en avance sur notre époque dans quelques domaines. Du coup, je me permets un petit constat, un peu triste pour l’évolution de la conquête spatiale: cela fait 40 ans qu’un homme s’est éloigné de la Terre au-delà de quelques kilomètres, et Eugene Cernan est le dernier homme à avoir posé le pied sur la Lune avec la mission Apollo 17. C’était en 1972…
Charles Conrad et Gordon Cooper prennent du bon temps après leur dur entraînement quotidien pour la mission Gemini V.
Charles "Pete" Conrad effectue à 35 ans et avec Gemini V son premier vol spatial, après avoir été formé dans l'US Navy et 16 ans après être sorti de Princeton avec un diplôme d'ingénieur en aéronautique.
Le lieutenant Gordon Cooper a déjà participé au programme Mercury 9 en 1963 lorsqu'il s'embarque une deuxième fois pour l'espace. Bien qu'ingénieur en aéronautique, il fut aussi pilote pour l'armée américaine à Landstuhl en Allemagne entre 1949 et 1950, avant d'entrer dans le "vivier à astronautes" que fut la base Edwads. En tant que pilote-test, il a pris les commandes de tous les objets volants existants. Gemini V a été sa dernière sortie de l'atmosphère terrestre. Il se retirera de la NASA en 1970 avec le grade de Colonel et 222 heures de vol dans l'espace à son actif.
Après des mois d'entraînement, Charles et Gordon s'entendaient comme cul et chemise, même si Conrad jouait souvent de son humour grinçant. Ici, sur le pas de tir de Cap Canaveral, quelques minutes avant leur décollage.
On comprend ce que voulait dire Conrad avec la phrase "Eight days in a garbage can". La capsule Gemini V est une vraie boîte de conserve.
Les deux astronautes dans leur cockpit. C'est parti pour 7 jours et 22 heures d'orbite à 350 km au-dessus de nos têtes.
Cap Canaveral, 21 août 1965, 9h du matin. Les 3605 kg de Titan II quittent la Terre sans problème, avec deux hommes à son bord. C'est le 19e vol habité de l'histoire de l'humanité.
Conrad "on board". Après cette mission, il aura la chance de participer à Gemini 11 puis Apollo 12 qui l'amènera sur la Lune. Pour sa dernière mission Skylab 2 en 1973, il s'envolera vers Skylab, la première station spatiale américaine.
Le fameux centre de commande de Houston lors de la mission. Chaque vol dans l'espace est une dose de stress extrême pour ceux qui travaillent ici, responsables de vies humaines et de beaucoup d'argent. Avec Gemini V, pas de souci à se faire, tout se passera très bien, enfin presque...
Cap Canaveral vu de Gemini V. La capsule avait beau être minuscule, beaucoup paieraient très cher pour voir ça une fois dans leur vie. Moi y compris.
Gemini V est en 1965 le plus long vol habité dans l'espace jamais effectué. En 120 orbites, les deux astronautes auront le temps d'effectuer de très nombreux clichés, dont cette magnifique vue de l'Afghanistan.
Le retour sur Terre se fait, comme toujours, dans l'eau. C'est là que le seul incident de la mission arrive. Un programmeur ayant entré 360° au lieu de 360,98° en 24h (rotation terrestre) dans l'ordinateur, la capsule amerri à 130 km du point prévu. Les deux astronautes sont sains et saufs dans leur mignon Zodiac jaune.
Les deux astronautes, ici avec leurs lunettes American Optics sur l'USS Lake Champlain qui les a récupérés, connaissent de belles heures de gloire avec Gemini V. En effet, Cooper est le premier homme à être allé deux fois dans l'espace. Pour Conrad, c'est juste le début de l'aventure avant d'aller fouler le sol lunaire, 4 ans plus tard. Comme si un voyage dans l'espace n'était pas assez dangereux, Charles "Pete" Conrad décèdera dans un accident de moto en 1999. Gordon Cooper est décédé en 2004, atteint par la maladie de Parkinson. Les deux auront reçu pendant toute leur vie de nombreux hommages pour cette mission de préparation pour Apollo 11.
Pour tous ceux qui sont intéressés par la conquête spatiale, je vous conseille un film et un documentaire:
– L’Étoffe des Héros (The Right Stuff) de Philip Kaufman suit l’histoire de l’aérospatiale américaine d’après-guerre, du franchissement du mur du son aux premiers vols habités dans l’espace (Mercury). Notre héros du jour, Gordon Cooper y est joué par Dennis Quaid, au milieu d’un casting de folie. Le meilleur « film de pilotes », bien loin devant Top Gun.
– For All Mankind est LE documentaire de la conquête spatiale. Réalisé par Al Reinert à partir de 1900 km de film et 80 heures d’interviews de la NASA, il fait revivre en 1h20 la mission qui enverra l’Homme sur la Lune: Apollo 11. Les images sont époustouflantes et l’émotion est clairement accentuée par la superbe musique de Brian Eno (Apollo: Atmospheres & Soundtracks).
Autant, vous pourrez facilement trouver des photos d’universités américaines modestes voire parfois même de Princeton, Yale ou Harvard, autant celles de la vie de campus de Cornell sont plus rares. Et qui plus est lorsqu’elles datent de 1948, dans une période où le monde et sa jeunesse tentent de retrouver un peu d’espoir. Ce sera sans compter sur les guerres de Corée et du Vietnam qui suivront. Mais peu importe, en 1948, sous l’oeil avisé du jeune et talentueux photographe W. Eugene Smith (il fut photographe pour LIFE de 1947 à 1954 avant de devenir un immense photo-reporter), les étudiants s’épanouissent parfois autour d’un pic-nic, parfois en lisant un bouquin dans la superbe bibliothèque de l’université située à Ithaca, NY. La fin des années 1940 est une période intéressante pour le style, que l’on pourrait qualifier « de transition » pour donner une dimension savante et « je pète plus haut que mon cul » à ce blog. Si vous regardez bien, costumes deux ou trois pièces de rigueur durant les 30 premières années du XXe siècle cèdent progressivement la place à des tenues plus casual, telles qu’un sweater sans manches et une chemise, le sweater crew neck porté seul et même un t-shirt blanc, tout simplement (cf. photo de la bibliothèque). L’apparition du casual se fait donc progressivement au milieu des sack suits avec blazer en tweed aux épaules larges qui feront les belles heures des années 1950. Sans surprise, les loafers et Buck Shoes sont quant à elles déjà bien installées dans le quotidien des étudiants de Cornell qui jouissent, je ne cesserai jamais de le répéter, d’un cadre exceptionnel pour étudier. Au final, l’effet est toujours le même lorsque l’on regarde ce genre d’archives : on surkiffe sa race!
Pour ceux qui connaissent Sidney, Manly est un quartier de la ville australienne. Et comme dans tous les quartiers, on trouve des épiceries, des cordonniers, des vidéo-clubs, des laveries… et des bibliothèques. Vous aurez compris que ce sont ces dernières qui nous intéressent ici, pour leurs archives plus que pour leur technique de rayonnage. A Manly, il semble y avoir eu une culture du sauvetage en mer plus que bien ancrée dans les mémoires; chose bien normale lorsque le quartier est entouré de plages donnant sur le dangereux Océan Indien. Ces quelques photos issues des archives de la Manly Library en sont la preuve. Et bien avant ces petites bouées rouges rendues célèbres par nos amis américains dans cette série plus culte que réussie, j’ai nommé Alerte à Malibu, le compagnon préféré du sauveteur australien était le surf. Rien de bien étonnant dans l’idée de surfer en Australie, sauf lorsque l’on surfe dans les années 1930, bien avant le boum 1950’s et 1960’s de la côte californienne. Alors oui, le surf faisant parfois deux fois la taille du bonhomme standard et étant taillé dans le bois comme un polonais taillerait une poutrelle de 150 dans un bloc d’acier, vous ne verrez pas de surfer en short de bain le porter fièrement sous le bras tel un skateboard. Des photos de surfers dans les années 1930, c’est assez rare pour vous en faire profiter. Puis vu notre mois d’août, un peu de soleil, même en noir et blanc, vous fera certainement le plus grand bien.
Bon ok, celle-là est certainement fin années 1940 ou début 1950 .
Et une mention spéciale pour le chef-instructeur Fallack au style qui met à l'amende une bonne partie des flambeurs du Pitti Uomo.
Avant les iPhone, avant internet, avant les jeux vidéos, la principale attraction était d’être dehors. On y jouait à cache-cache, on y construisait des cabanes, on y faisait du sport surtout. On a tous connu ça. Aux États-unis, c’était vélo, softball, football américain, … Et c’est justement après un week-end où j’ai parlé avec des collègues de nous remettre au basket que je tombe aujourd’hui sur cette photo via superbomba’s Flickr. Bien que non datée, elle est très certainement du milieu ou fin des années 1960 à en juger par le look du jeune garçon au geste aussi parfait que son outfit : short en jean certainement coupé dans un ancien pantalon, des Chuck Taylor qui ont bien vécu, des Crew Socks et une poche sur le sweat-shirt. Personnellement, j’adore. Il n’en faut pas plus aux garçons de l’époque pour s’éclater, sans pour autant enfiler un jogging en polyester.
On pouvait plus ou moins s’y attendre: un nouveau magasin Gant à Copenhague, un artiste danois qui révolutionne la photographie de « mode ». Il n’en faut pas plus pour créer une collaboration ultra-légitime entre Gant Rugger et Sergei Sviatchenko, les deux qu’il n’est plus nécessaire de présenter sur GSTAG (on pouvait s’attendre aussi à ce que j’en parle quitte à en saouler certains). Sergei est lui-même un client friand de la marque emmenée de main de maître depuis 2009 par Christopher Bastin, et ce dernier a certainement trouvé l’inspiration plus d’une fois sur Close-Up & Private. Le cocktail marche du tonnerre (si je peux me permettre cette expression réservée aux 504 coupées, il y a plus de 40 ans): inspiration Ivy, 1960’s européennes à la sauce nordique, minimaliste, créative. Une manière originale pour Bastin de mettre sa collection automne/hiver en scène, sans être complètement nouvelle non plus pour ceux qui connaissent le travail de Sviatchenko sur CUAP. Pour GSTAG, ces deux personnalités sont des modèles de simplicité et d’inspiration, et c’est pour ça que j’en parle si fréquemment. C’est donc un bonheur de les voir réunis pour une première, mais certainement pas dernière collaboration. J’aurai d’ailleurs la chance de rencontrer à nouveau Sergei la semaine prochaine dans son atelier pour les besoins d’un article papier, et peut-être même pour une prochaine collaboration… En attendant, voici quelques photos qu’il m’a fait parvenir.
Désolé pour tous ceux qui, habituellement, viennent sur ce blog pour s’encanailler avec l’Ivy Look pur, sorti des grandes universités américaines. Depuis quelques posts, en effet, je me permets quelques écarts, résultats d’une liberté que je m’octroie sans aucun sentiment de compassion avec les lecteurs que je pourrais décevoir. La moto n’est pas chez moi une lubie bien nouvelle, mon père est un motard depuis son plus jeune âge et j’ai eu la chance de cotoyer quelques belles mécaniques (ceux qui croient que je fais ici allusion à ma mère sont priés de ne pas me le faire savoir). Il subsiste un léger souci: je n’ai pas mon permis moto. Alors, pour l’instant, je me contente de regarder ce que je pourrais éventuellement m’acheter plus tard, sorte de torture imposée équivalent à regarder une vidéo de Kate Upton en slow motion alors que l’on sait très bien que, slow motion ou pas, ses formes resteront à distance de mes mains. Ce que Kate vient faire dans cette histoire de deux-roues n’a pas vraiment de logique, mais qui en a besoin? En revanche, ce que vient faire la moto sur un blog consacré à l’Ivy Look est en revanche totalement justifié. D’une part, parce que jusqu’à nouvel ordre, je décide moi-même de ce qui sera posté sur GSTAG, et d’autre part, parce qu’un étudiant des 1960’s lisait tout aussi certainement des magazines de moto pour flamber auprès des copines que vous lisiez Mob Chop au collège. Grâce à Bill Greene, passionné de moto-cross et auteur de cet album de photos des 1950’s aux 1970’s, on retrouve l’état d’esprit des motards transposé dans la période Ivy Look. Le jazz, le sport, la moto, les pantalons cigarettes, les Desert Boots, tout cela fait partie des « trucs » de l’homme des 1960’s, et ce n’est certainement pas McQueen qui dirait le contraire. Merci Bill!