Halbrenner et Waffenrad: le début du XXe siècle à vélo.

par greensleevestoaground

C’est marrant comme chaque mot allemand sonne comme un ordre donné à son chien, ou à un stagiaire. Pourtant, le mot « Halbrenner » n’a rien d’un ordre: il est simplement employé pour décrire l’équivalent du vélo demi-course que l’on connaît en France. Ni de course, ni de ville, le demi-course est un vélo de balade, de randonnée, d’endurance, idéal pour ceux qui travaillent en deux-roues sur les routes de campagne. Mais attention, un Halbrenner est quelque chose de bien particulier et n’a pas grand chose à voir avec nos Hirondelle à garde-boues chromés et guidons course apparus dans les années 1950. Si vous pouvez rencontrer le mot « Halbrenner » dans les communautés cyclistes rétro du monde entier, c’est que c’est un type de vélo à part entière, né dans le sud de l’Allemagne et en Autriche à la fin du XIXe siècle et, plus précisément en Styrie – Land autrichien dont la capitale est Graz. Ceux-ci ne sont plus produits depuis la deuxième guerre mondiale et sont donc rares et forcément vintages. À l’époque, les facteurs, les étudiants, les travailleurs des champs, les ouvriers des usines utilisent ces vélos relativement simples en single-speed et au guidon large et légèrement incliné vers le bas (type « Moustache ») pour aller boire une bière dans le village bavarois voisin ou à Vienne. Pendant toute la première moitié du XXe siècle, nombre de marques de ce coin ont connu leurs heures de gloire: Puch, Bismarck, Dürkopp, NOS, notamment en produisant pour leurs armées les fameux Waffenrad (littéralement, les « vélos armés »), à l’origine vélos lourds et robustes équipés de garde-boue et porte-bagages, aujourd’hui désignant simplement les vélos lourds construits avant la fin des années 1940 et très prisés par les collectionneurs. Cette sélection de rares photos et cartes postales locales, issues de la collection personnelle de Max, un Autrichien passionné de vélos (très) anciens et auteur du site de passionnés Luftlos – je le remercie au passage très sincèrement –, va vous permettre de voir à quel point le vélo avait sa place dans la société germanique pré-1950’s, au point de poser dans le studio d’un photographe professionnel accompagné de son deux-roues à pédales au plateau flamboyant. Finalement, comme dans le style, l’histoire se répète dans les moyens de transports avec le grand retour du deux-roues dans les villes. Si seulement nos rues étaient envahies de Halbrenner chevauchés par des hommes en costume trois-pièces plutôt que par des fixies aux guidons de tapette chevauchés par des barbus rouquins en marinière…

Deux racailles en Halbrenner, 1915.

Un groupe de trois Américains et leur attitude on ne peut plus cool..

Une belle tenue de cycliste pour cet Autrichien qui devait habitait vraisemblablement une région très pentue à en juger par la taille de son plateau et l’architecture slopping de son cadre. Autriche, 1895.

Deux vélos de la marque Torpedo. Autriche, 1920’s.

Des vélos typiques de la région de Styrie. Le garçon de droite porte une veste traditionnelle des Alpes autrichiennes.

Cycliste anglais, probablement au tournant des XIXe et XXe siècles. La boutonnière, ça en jette quand même un peu.

Village de Deutschlandsberg (littéralement, « montagne allemande ») en Styrie. 1923.

Un exemple de vélos Dürkopp. Basée à Graz, cette marque se fera plus tard un nom dans la motocyclette.

Cycliste français. Clarens (Pyrénées), 1891.

Une jeune allemande et sa tenue noire typique de ce début du XXe siècle, notamment dans les campagnes, qui visiblement, aime prendre le soleil sur son vélo.

Gasthaus (auberge) Fischer, 1915. Regardez le profil du cadre du vélo, son plateau travaillé et la veste croisée de l’homme à droite.

Un jeune étudiant allemand qui arbore fièrement son noeud papillon et son halbrenner équipé « léger »: sacoche, garde-boue, guidon course.

Un petit gars qui répond au nom de Helmut Singer devant la porte de sa maison. Hinterhermsdorf, 1923.

Une marque très prisée au début du des années 1900 (reconnaissable par ses plateaux pleins avec son nom): Janisch Rad, originaire d’Ilz, en Styrie. Cette photo a cependant été prise quelques kilomètres plus loin, à Gleisdorf.

Cols roulés, casquettes, vélos et détente pour ces trois lascars de Laufnitzdorf (Styrie). 1907.

Groupe d’étudiants, visiblement adeptes du costume parfait. Marburg (Allemagne), 1925.

Retour de l’usine en overall. Probablement fin des années 1930, début des années 1940.

Un cycliste de course sur son vélo Puch. Cette marque est certainement la plus connue des marques de deux-roues autrichiennes (hors KTM qui naîtra seulement en 1934). Après avoir longtemps fait des vélos, elle sortira des motos de petite cylindrée et des mobylettes après-guerre. Leurs « Mofa » (dont les Puch Maxi S) seront les grandes stars du tuning deux-roues des années 90 en Allemagne. Mais au début du XXe siècle, il faut encore pédaler sur un Puch.

Départ d’une course cycliste en Styrie, 1910. Ils semblent étrangement courir dans une tenue qui ressemble plus à des dessous qu’à une vraie tenue de sport.

Un Autrichien sur son Steyr (Styrie, en anglais), 1910.

Fin des années 1920. L’homme sur sa moto Titan a de la mousse à raser sur la joue gauche, suite à la perte d’un pari.

Fier d’être Viennois sur son Halbrenner, 1898.

Un Waffenrad pliant de l’armée allemande austro-hongroise en 1918.

Sur cette photo prise à Vienne, observez les petites chaussures ouvertes portées par le propriétaire du vélo. L’outfit est impeccable.

Vous trouverez plus de photos et cartes postales passionnantes sur le Flickr de ce collectionneur. Merci encore à lui pour partager ces rares documents.

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