Ivy Look. Updated.
par greensleevestoaground
Je ne comprends pas les bloggers, bien que j’en sois un moi-même. Combien de photos de « Nique » Wooster, combien de phots de petites frappes à la pseudo-attitude rebelle dans les vêtements hors-de-prix de McNairy, qui traînent autour des défilés pendant la Fashion Week en espérant être photographié par Sartorialist, Unabashedly Prep ou Street FSN? Si les mannequins défilent sur les podiums, et c’est déjà pas toujours joli joli, les cakes du troisième millénaire défilent autour pour les bloggers armés de leurs appareils photos. Le street style en terme de photographie, ce n’est pas donné à tout le monde (c’est pour cela que je ne m’y risque pas), mais le street style, c’est aussi l’inattendu. Et inattendu, pardonnez-moi, ce n’est pas un mec qui va combiner l’impossible, le moche avec le moche dans l’espoir de faire le tour des tumblr, qui va l’être. Alors je vous le concède, certains s’habillent comme cela tous les jours et ils ont tout le mérite à se retrouver en photo sur les sites de style influents, mais certainement pas tous. Franchement, qui trouve que Wooster en arborant ses tatoos sous une veste madras, ressemble à quelque chose? Il y en a très peu qui finalement envoient du style et pas seulement de la mode sans queue ni tête. Dans ceux qui me reviennent en tête de manière spontanée, il y en a seulement deux: ce mystérieux homme qui travaille chez Ralph Lauren, et qui, régulièrement photographié lors des shows RL, montre une garderobe à la fois classique, variée et inspirée; et le deuxième c’est George Cortina, fashion editor du Vogue Japon et styliste, qui est le maître absolu du casual, du cool et du minimalisme, celui qui avec une chemise, un pantalon et une paire de chaussures met une branlée à tous ceux qui se surchargent d’accessoires, un des seuls qui se permet de porter un blazer sans fente, celui qui aujourd’hui se rapproche peut-être le plus du cool des 1960’s, entre charme italien et casual américain, entre McQueen et Mastroiani. Et puis il y a lui (et c’est là que je reviens à ma phrase d’introduction de cet article. Ce serait bien que vous suiviez merde!). Lui n’a bizarrement pas fait le tour des tumblr, et ce n’est pourtant pas faute de suivre une centaine de blogs dans mon Google Reader. Un style parfait, comme le dit Scott Schuman qui a très bien compris tout l’intérêt de ce jeune homme: classic american sportswear. Tout est là, tout est dit: navy blazer avec revers de col fins, chino, ceinture tressée, cravate fine en laine, chemise OCBD bleu ciel, une paire de Persol, une coupe de cheveux originale mais finalement assez proche d’une crewcut. Le genre de gars qui n’attire pas l’oeil lorsqu’on le croise dans la rue, mais qui malgré tout sait ce qu’il fait, sans prétention mais avec beaucoup d’élégance. C’est ça le style, et c’est la force de l’Ivy Look, magnifiquement remis au goût du jour ici. Alors comme personne ne semble s’être arrêté sur cette photo, je lui consacre carrément un post, parce que d’après moi, on n’est pas prêt de voir ce genre de classiques lors des prochaines semaines de fashion week qui s’annoncent.
Merci, Wooster moi aussi me fout la gerbe ahah..
je conseille fortement d’ailleurs la lecture du livre du conte de Castiglione » le livre du coutisan » qui traite de la Sprezzatura, terme trop méconnu encore aujourd’hui.
Merci pour ton conseil Laurent. Si tu as le bouquin, je te l’emprunterai volontiers! Toujours cool d’avoir un petit comment de Mr Where Is The Cool ici!
D’accord avec ton article. J’avais fait une tentative aussi mais elle a pas tourné: http://neoretro.tumblr.com/post/10399403685/via-the-sartorialist
Les gens préfèrent les types avec des Desert Boots en Leopard, des chemises en zebre, un sac vuitton, 50 bracelets autour du bras, 4 montres autour du cou, et des tatouages malabar sur le front!
Hahahaha, les tatouages malabar. Ton exagération reflète malheureusement presque la réalité. Je me doutais bien que tu n’étais pas passé à côté de ça Maxime!
merci pour le post. Comme le disait mon vénérable grand père (l’homme le plus élégant à ma connaissance):
« Un homme élégant est un homme simple ».
Charles
Comme souvent, ce qui sort de la bouche de nos aïeuls est d’une justesse déconcertante.
Le « mystérieux homme qui travaille chez Ralph Lauren » m’avais moi aussi marqué lorsqu’il avait revêtit sa Barbour!
Vu sur Redingote: http://redingote.fr/breves/barbour-chasser-sans-son-chien/
Au hasard d’un tumblr, le « mystérieux homme qui travaille chez Ralph Lauren »se nomme John Wrazej!
Merci beaucoup. Apparemment, il est Vice-Président du département Sportswear de RL. A juste titre!
J’avais remarqué cette photo et je m’étais dit qu’il y avait quelque chose qui me gênait …
Je pense que c’est parce que la tenue de ce jeune homme est trop « ré-actualisée » à mon gout.
Tout est tel qu’on peut le trouver aujourd’hui, et du coup ca manque de charme à mon goût : Le button down collar est trop petit, le chino trop taille basse et les revers de la veste sont trop fins… Toutes ces pièces sont des classiques, mais avec une coupe « slim » un peu énervante…
Ah … les goûts et les couleurs !
Sinon je suis complètement d’accord concernant les deux autres sartorialisés !
à bientôt !
Haha. Merci Robin. Tu sais bien que j’ai fait ce blog pour justement avoir les avis différents de tous. Je te rejoins sur la plupart des points, et cela m’étonne que tu n’aies pas remarqué ce blazer « un bouton »! Alors bien sûr, ce n’est pas parfait, mais je trouve qu’il est moins évident de réactualiser un style avec goût que de l’imiter tel qu’il était il y a 50 ans.
Et moi qui suis un très grand fan d’ivy (ça c’est un scoop…), l’ivy look était justement déjà dans les 60’s l’actualisation d’un style plus ou moins existant (chino, blazers, etc) avec des coupes plus étriquées. Comme les anglais le disaient, c’était du « modernisme », si l’on s’en tient au sens premier du terme. Pas du vintage. C’est pour cela que je salue quand même le geste de ce bonhomme qui a sa manière est un moderniste du XXIe siècle en jouant sur les coupes de basiques, sans pour autant être en désaccord avec toi.
A bientôt camarade de Redingote!
F.
Est-il possible de trouver une issue à ce débat ? Personnellement, reprendre des pièces vintage et les accorder avec goût à des pièces actuelles ne me pose aucun problème. Les puristes et les « fashion » ne s’entendront jamais à mon sens. La fashion week est juste un moyen à un moment donné de se faire remarquer en ayant un look décalé, rigolo, qui ne marche qu’une seule fois.
Rester soi-même est la clé. Ne pas essayer de ressembler à quelqu’un. Que dire de M. Wooster qui d’ici 6 mois ou un an arborera un look totalement différent, surfant encore sur les tendances…
Cela fait maintenant plus de 5 ans que mon style n’a pas changé, essuyant toutes sortes de critiques (pas facile à 17-18 ans) et au final on devient à la mode (j’ai maintenant 22 ans). Tout ceci n’est qu’un éternel recommencement, ce n’est pas moi qui vais vous l’apprendre !
Bien cordialement.
Gautier
Salut Gautier,
aaaaaah, ça, le regard des autres est toujours critique lorsqu’il s’agit de sortir des pensées communes. Dans le style comme dans les idées… C’est malheureusement un caractère très spécifique au Français. Je n’ai jamais eu de critiques ici à Hambourg, dans un pays qui n’est pourtant pas réputé pour son style. Je ne peux te dire qu’une seule chose, du haut de ma petite expérience: continue de t’habiller en suivant tes propres sources d’inspiration. En général, lorsque tu es critiqué sur ton style par les plus jeunes, les personnes plus âgées sont plus intéressées, et inversement. Tu verras, j’ai constaté ça est c’est très amusant.
Au final, Wooster ou pas Wooster, les choses sont simples: la mode est éphémère. Le style est intemporel. C’est un fait qui ne se discute pas. Regarde John Wrazej ou George Cortina, ils pourront faire le tour des blogs éternellement, et inspirer dans plusieurs années encore. Wooster est un one-shot, sans personnalité, sans style.
Merci pour ta fidélité.
A bientôt,
F.
Félicitations pour ce coup de gueule aussi légitime qu’argumenté. Il y a effectivement une double perv ersion dans la logique des blogs de mode d’influence « Preppy » : d’un côté, les afiicionados du « Tumblr racing », où le jeu semble manifestement de publier le plus vite possible n’importe quelle excentricité sensée (et j’insiste sur ce mot) donner à son auteur un caractère ou un personnalité ; de l’autre, une vision parfois intégriste , genre « C’était mieux avant », à la limite de la « Mémé Lenchon » des Guignols…
Ma culture Preppy a plus de 20 ans d’âge (42 piges au compteur), et j’adoptais en France le look Kennedy bien avant que Gossip Girl et Hilfiger place cela sous les feux de la rampe. Le classique ne se démode jamais, c’est l’une de ses forces, mais j’admets cependant le bien-fondé d’imperceptibles évolutions lorsqu’elles sont utiles ou nécessaires.
Ajuster ou modifier légèrement la coupe de certains vêtements, si l’on reste dans l’esprit, ne me dérange pas : l’essentiel est que cela aille à la morphologie du porteur. Le changement dans la continuité, voila peut-être une valeur cardinale à ne pas oublier… De ce côté, le travail d’un Michael Bastian ou Christopher Bastin (tous deux chez GANT) me semble assez élogieux.Mais pitié, sortez Nick Wooster de l’arène du bon goût et et l’élégance casual et laissez-le s’exprimer dans les rues du Bronx !
Tout ceci me fait penser par analogie au débat sur les rééditions, ou plus encore, les hommages de montres iconiques.
J’ai pu suivre depuis le début une aventure horlogère lancée en février 2011, la Tärnan Oceanographer.
Un « revival » d’une marque suédoise pour un garde-temps inspiré de la Rolex 6200, la toute première Submariner (à l’époque où Rolex n’avait pas pu acheter le nom), avec un cadran 3-6-9.
Pour faire court, la montre reprend les code de genre de son ancêtre, mais en l’actualisant techniquement (verre saphir et non plus acrylique, ETA 2824-2, étanche 300m) et « socialement » (taille 42mm plus conforme à la moyenne actuelle au lieu de 39mm). Rapport qualité/prix des plus honorables.
Dieu que cette montre a été décrié par les amateurs français de Rolex outragés hurlant au sacrilège ! … Alors que la montre a été bien mieux accueillie outre-atlantique par les nostalgiques qui eux, n’ont retenu que la qualité du produit et le respect des codes de genre. « Vérité en deçà des Pyrénées, malheur au-delà… »
Merci pour votre rédaction intelligente et éclairée par vos recherches, vous n’avez rien à envier (bien au contraire) aux tumblerists anglophones.
J’ai eu ce genre de nausée en voyant un couillon à pantalon à imprimé « cerises » hier sur le blog de Schumann.
Le type a une tenue absolument ridicule et ne peut vivre que dans 3 kilomètres carrés des villes accueillant les « fashion weeks ».
The sartorialist est d’ailleurs, à ce titre-là, devenu un blog consanguin et autiste, c’est dommage, il changeait au départ, et Scott Schumann avait un sacré coup d’oeil pour répérer la bonne personne dans la rue, depuis, il fait du business et ne shoote plus que dans 3 rues par ville traversée triomphalement…
100% d’accord avec vous. Le Sartorialist de 2005-2007 était une source d’inspiration, car Scott Schumann photographiait de « vraies » personnes élégantes de tous âges, plutôt typées CSP+, mais qui surtout n’étaient pas forcement issues du milieu de la mode.Le site est maintenant un bestiaire de créatures anorexiques en attente de podium et de vieux barbons aux couleurs, textures et accessoires digne d’un Barnum.Il faut bien amortir son commerce, je suppose…
Je l’ai vu aussi. hahahaha!
Je suis comme Harry, entièrement d’accord avec vous. Il lui arrive cependant toujours de repérer le petit style inattendu, mais très rarement, c’est vrai. En fait dès que son livre est sorti, il a plongé dans la « fashion ». Livre qui était justement le témoin de son savoir-faire.
Je suis Woosteriste, tendance Bertie…
@notre hôte : avez-vous déjà parlé de la marque italienne Boggi ? Habitant une partie de l’année à Cannes, j’ai (re)découvert cette marque qui y a ouvert l’an passé une boutique « casual « , rue d’Antibes
Sans être exceptionnel, le rapport qualité/style/prix est très correct, pour un style « preppy riviera » qui n’est pas sans rappeler le Façonnable des années 90 (époque glorieuse, avant que Goldberg vende son enfant et son âme, ce qu’il regrette amèrement depuis). A suivre.
Salut Harry,
je voudrais d’abord vous remercier pour votre précédent commentaire et les compliments. Je vous contacterai par mail pour en discuter car vos remarques sont très justes, et particulièrement l’xemple des rééditions horlogères.
Je ne connais pas la marque Boggi et à l’instant où j’écris ce commentaire, je surfe sur leur page. Effectivement ça m’a l’air très bien. Le style comme vous dites est très riviera 1960’s. Le casual à l’italienne. Les coupes sont-elles réellement comme montrées sur les modèles du site web?
Bonjour,
La maison, italienne Boggi a, à l’instar de Façonnable ou Ralph Lauren, une entité « casual wear » nommée Boggi 1939. C’est une boutique de cette seconde marque qui est installé à Cannes, rue d’Antibes.
Les deux marques sont présentes à Sanremo, je passerai prendre des photos dès que j’aurai le temps d’y faire un saut.
Le « Boggi » traditionnel reste une référence en Italie, avec une réputation qui va bien au-delà de Milan. Pour avoir déjà eu un costume Boggi, leur travail en prêt-à-porter et en demi-mesure est d’une rare qualité, avec des retouches et un ajustement dignes du sur-mesure à bien des égards.
La coupe des vêtements « Boggi 1939 » est assez classique, pas trop ajustée. En prêt-à-porter, les fabricants de textiles italiens ne semblent pas avoir modifié outre mesure la conformation des leurs vêtements malgré l’apparition de la « morphologie européenne » il y a quatre ans; faisant 1,75m pour un 48-50 en veste et un 38 en pantalon, je navigue entre du M et du L pour les vestes, manteaux et polos.
En bonus pour les lecteurs français proches de la frontière suisse, la boutique « Outlet » d’Aubonne : http://www.outlet-aubonne.ch/boutiques.php?lang=fr&id=15
Une dernière question : j’ai repéré depuis l’hiver dernier la nouvelle gamme « Preppy » homme des Galeries Lafayette. Avez-vous plus d’information à ce sujet (directeur de collection, développement de la gamme, etc) ? J’ai été agréablement surpris du caractère « sérieux » de l’entreprise : un logo hiéraldique qui évoque les armoiries d’Harvard, des détails soignés,une ligne proche de Gant et d’Hilfiger et une qualité de fabrication très correcte, comme souvent aux GL,
Si vous le voulez, ,je vous passerai par email des photos d’une chemise « Pre End » (je crois que c’est le nom de cette gamme) achetée cet été et de la montre Tärnan Oceanographer, sur laquelle je ne peux tarir d’éloges.