greensleeves to a ground

Mois : août, 2012

The Jokers, 1959.

À l’occasion de son Summer Of Rebels, Arte nous a fait la grâce de diffuser un petit bijou de Coppola: The Outsiders. Tourné en 1982 avec un casting de jeunes qui allaient percer (Dillon, Swayze et un ultra-teen Cruise), le film est basé sur la nouvelle du même nom de S.E. Hinton que je recommande aussi vivement. L’intérêt du film dans cette histoire qui se déroule à Tulsa, Oklahoma en 1966, réside dans le fait qu’il reproduit  les frasques de l’affrontement entre les « scolarisés » (les preppy, appelés « Socs » dans le film) et la jeunesse rebelle et désabusée (les Greasers) de manière très fidèle à ce qui s’est passé à cette époque dans la société américaine. C’était pour moi l’occasion de ressortir ce travail de Bruce Davidson sur un gang de Brooklyn, qui se fait appeler The Jokers, réalisé en 1959. À l’époque où les punks commencent à se manifester en Angleterre, les Converse noires déchirées, les chinos trouvés dans les destockages d’après-guerre, les t-shirts à manches retroussées et les coupes « pompadour » imprègnent la culture des classes américaines les moins aisées. Difficulté de l’accès aux universités, découverte de la culture rock et rebelle, folle de belles mécaniques, le monde gentillet des 1950’s ennuie ses gosses et l’idée de se retrouver en bandes, de se tatouer, de s’habiller de la même manière leur apparaît comme un moyen de se foutre des autorités en tout genre et d’oublier qu’ils n’ont pas d’avenir. En veulent-ils seulement un? Après tout, flâner dans les rues, se chamailler, aller à la plage et ramener des filles semble suffire à leur bonheur. Alors oubliez les 1950’s rose bonbon d’Edward aux Mains d’Argent: ce qu’a photographié Davidson il y a 50 ans n’est pas du cinéma (le tout sur une petite bande-son de circonstances de l’ami Dirty Beaches).

Merci à Retronaut pour avoir posté l’intégralité de cette série de photographies.

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Les J.O. de Londres, 1948.

Derrière votre paraître extrêment construit et travaillé de jeune premier arborant son Vespa près des terrasses du Marais se cache peut-être une inculture que vous ignoriez. C’est à cause d’elle que vous n’avez jamais su, au même titre que moi, que par deux fois déjà la capitale britannique avait hébergé la plus belle création des Grecs après leurs femmes (je parle de leurs femmes de l’Antiquité): les Jeux Olympiques. 1908, Londres est la quatrième ville après Athènes (2 fois), Paris et Saint-Louis (USA) à accueillir les Olympiades des temps modernes, remises au goût du jour par le baron Pierre de Coubertin, auteur de la phrase chère aux nuls, aux zéros et aux incapables: « L’important c’est de participer. » Ce n’est pas pour rien si Londres est de nouveau choisie comme ville olympique en 1948, pour les premiers J.O. d’après-guerre: temple de la Libération, bunker des grands Résistants, symbole de la victoire sur la vilaine Allemagne nazie (qui a organisé les derniers J.O. avant que ça ne pète, à Berlin en 1936), le tout chapeauté par son charismatique Churchill et son stylé roi, George VI. Traversée par la Tamise, proche de Douvres et de la mer, entourée de grands espaces verts, Londres est sans contexte l’un des lieux rêvés pour les Jeux Olympiques d’été – si l’on n’a pas peur de recevoir sa médaille sous la pluie. C’est pour cela qu’elle est jusqu’à présent la seule ville a avoir hébergé trois fois les jeux olympiques modernes. Et à juste titre, pour ceux qui suivent ceux de 2012: l’organisation est parfaite, la présence de princes, princesses et reine dans les tribunes fait chaud au coeur et la cérémonie d’ouverture n’a rien à envier aux meilleurs sketchs des Monthy Python. Pour ceux qui n’ont pas pu assster à ceux de 1948, voici un résumé de l’évènement, sans les vannes de Laurent Luyat.

La Flamme arrive à Douvres, à bord du HMS Bicester.

Petit message d’accueil au cas où les mecs n’ont pas remarqué qu’il y avait des étrangers en jogging dans leur bled. Gare de Fenchurch.

Le drapeau sur la Tamise, à bord d’une embarcation traditionnelle suisse.

Enfin, enfin nom de Dieu! Cette satanée Flamme arrive dans le stade de Wembley rempli à bloc pour la cérémonie d’ouverture de ces premiers J.O. d’après-guerre.

John Mark, 23 ans, est l’athlète qui allumera la torche après avoir fait un tour de piste. Spécialiste du 400 mètres, il est surtout connu pour cet acte, et pas tellement pour ses performances.

Le roi George VI, avec à sa gauche Winston Churchill et à sa droite, la reine Elizabeth, assiste à la cérémonie de « ses » jeux olympiques. Ce n’est cependant peut-être pas sa première cérémonie, puisqu’il a très bien pu assister à celle de 1908 à l’âge de 13 ans en tant qu’Albert Prince de York.

En 1948, la cérémonie d’ouverture a lieu un 29 juillet, par une très grosse chaleur.

La première victime de la chaleur, un jeune scoot qui perd connaissance lors de l’ouverture.

L’équipe féminine britannique de natation. Parmi ces jeunes nageuses, Catherine Gibson, seule médaillée (bronze sur 400 m nage libre) pour son pays dans une compétition qui verra les États-Unis emporter 15 médailles, dont 8 d’or, sur les 11 épreuves disputées…

Le norvégien Stigersand au plongeoir de 10 m de l’Empire Pool de Wembley. Il ne gagnera pas de médaille, mais cette photo est splendide. Les Américains emportent les 4 épreuves et 10 médailles sur les 12 distribuées. Comme si ça ne leur avait pas suffi de gagner la Guerre.

On reste dans l’eau, mais cette fois sur l’épreuve du décathlon. C’est l’amércain Bob Mathias qui l’emporte devant le français Ignace Heinrich (pas facile à porter 3 ans après l’Armistice) et un autre américain, Floyd Simmons. Mathias, à l’époque plus jeune champion olympique d’athlétisme de l’histoire, gagnera sur la même épreuve en 1952, à Helsinki. (seul le français semble être présent sur cette photo, avec le dossard 445)

Carl Rune Larsson (128) domine sa demi-finale du 400 m haies. Il finira à la 3e place en finale, derrière le ceylanais Duncan White et l’américain Roy Cochran, qui s’octroiera aussi l’or sur relais 4 x 400 m haies. Larsson est l’un des sportifs qui participera à la deuxième place historique de la Suède au tableau des médailles.

Un italien et un français rentrent au bercail après disqualification.

Place aux femmes avec une demi-finale du 80 m haies. La hollandaise Fanny Blankers-Koen emportera la médaille d’or en finale, devant l’anglaise Maureen Gardner et l’australienne Shirley Strickland. Pour une fois, pas d’américain sur le podium.

Harrison Dillard, le Usain Bolt de la fin des années 40-début 50. A Londres en 1948, il emporte le 100m et le 4 x 100m. A Helsinki, 4 ans plus tard, il emporte le 110m haies et le 4 x 100 m à nouveau. Il est considéré à l’époque comme le plus grand spécialiste de haies d’après-guerre. Alors que le mec n’est même pas jardinier (note-la dans ton carnet de vannes celle-la).

Le même Harrison Dillard qui gagne sur 100m.

Pendant ce temps, l’écossais en loafers et jogging coton Alastair McCorquodale n’en branle pas une dans sa chambre du village olympique de Richmond Park. Ce qui n’empêchera pas le joueur de cricket d’emporter l’argent sur 4 x 100m.

Épreuve de tir du pentathlon à Bisley. Enfin on peut voir un peu comment on s’habillait en 1948.

Le départ et l’arrivée de l’épreuve de cyclisme se situaient à Windsor. Le cyclisme sera une véritable consécration pour la France, dans le pays des grands pisteurs.

Pas moins de 3 médailles d’or pour la France sur 6 épreuves de cyclisme sur route et piste. José Beyaert sur l’épreuve de route, Jacques Dupont sur le kilomètre lancé et Fernand Decanali, Pierre Adam, Serge Blusson et Charles Coste lors de la poursuite par équipe.

Reg Harris, médaillé d’argent anglais sur les épreuves de piste sprint et tandem (avec Alan Bannister) félicité par les collègues de l’équipe danoise.

Au foot, la Suède affronte la Yougoslavie en finale. Avec leur star de l’IFK Göteborg, Gunar Gren, les suédois l’emportent 3-1. D’ailleurs, Gren sera acheté par le Milan A.C. juste après cette victoire.

Enfin, un sport que vous connaissez bien si vous êtes comme moi un passionné de culture étudiante américaine: lacrosse. Le sport a été représenté aux J.O. officiellement seulement en 1904 et 1908. En 1948 (comme en 28 et 32), c’est un évènement de démonstration emmené par cinq équipes : le Canada (qui aligne 3 équipes), la Grande-Bretagne et les États-Unis bien sûr, représentées par le Rennselaer Polytechnic Institute (R.P.I. que l’on voit à l’oeuvre sur cette photo). Sur cinq médailles distribuées, le Canada en emporte deux d’or et une de bronze. Avec 3 équipes, c’est pas non plus la peine de se la péter.

Retrouvez le reste des photos du Daily Herald Archive dans la galerie du National Media Museum.

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